Circuler à vélo dans Marseille reste une révolution culturelle à réaliser, même si de petits progrès sont perceptibles ces dernières années. La part des déplacements à vélo n’est que de 1,5%, contre 8% à Strasbourg. Il n’y aurait que 80 km de pistes cyclables à Marseille, et encore, ça dépend ce qu’on recense dedans. Nous voyons tous sur les réseaux sociaux le concours de la photo de piste cyclable la plus farfelue. A Strasbourg, il y a 600 km de pistes cyclables… Pourtant, il y aussi de la pluie et du vent là-bas, non ?
Je suis moi-même cycliste occasionnelle. Je sais que c’est du militantisme et un certain engagement physique de prendre un vélo à Marseille. Il y a quelques années, j’ai subi une agression de la part d’un kéké sans casque en mobylette qui a voulu me faire tomber en me doublant, avec l’insulte qui va bien parce que j’étais une femme en vélo : sympathique non ?
Je n’ai pour autant pas renoncé. J’ai acheté un vélo électrique que je trouve plus sécurisant et plus passe-partout à Marseille : vitesse stable et régulée, pas de transpiration ou de gros effort en montée… C’est mieux quand on en a l’usage pour des déplacements professionnels par exemple, et non un usage sportif ou récréatif.
Le vélo ne devrait pas être vécu comme un effort. C’est toute une politique à mettre en place qui ne coûte pas si cher mais rapporte gros pour la santé et l’environnement. Alors qu’on nous parle de « mur de la dette » pour nous alerter sur nos collectivités locales exsangues (ce que je nuancerais cependant), tous les candidats devraient se précipiter sur le plan vélos !
Pour donner un ordre de grandeur : 1 km de métro peut coûter jusqu’à 100 Millions €, 1 km de tramway de 15 à 30 M€. Avec des sommes comme celles-là, on peut tout changer pour la mobilité douce à Marseille… et peut-être même commencer par là ? Le plan vélo actuel vise 6% de déplacements en vélo en 2024 contre 9% dans la plupart des plans vélo au niveau national.
Le printemps marseillais va publier son plan vélo détaillé mais voici les points essentiels :
Des mesures d’urgence ou transitoires :
- Généralisation de la vitesse à 30 km/h en centre-ville (cela dit, je fais souvent remarquer qu’avec les bouchons, c’est parfois entre 0 et 15 km/h – boutade) ;
- Extension de la piétonnisation de l’hypercentre, en prévoyant les pistes cyclables protégées (sur le vieux port, c’est déjà en partie loupé : gros bazar) ;
- Autorisation de circulation sur les voies de bus et tramway (déjà acquise par le droit mais pas toujours appliquée) ;
- Création d’un vrai service vélo à la Métropole
Des mesures structurantes :
- Créations d’axes express et sécurisés (réseau express vélo) ;
- Proposition d’une offre inédite à Marseille de location longue durée vélo ;
- Création de 5000 arceaux d’attaches de vélos par an ;
- Développement des vélos box et conciergeries solidaires ;
- Maillage de locaux vélos et de services pour le vélo (ateliers) ;
- Signalisation spécifique dédiée aux vélos ;
- Principe de ne pas faire entrer le vélo en concurrence avec les piétons sur la voirie.
Des mesures incitatives, et participatives :
- Mobilisation des moyens du plan « savoir rouler » à l’école et développement des vélos-écoles ;
- Formation de la police municipale et des agents municipaux ;
- Structuration d’une communauté vélo autour d’une plateforme participative ;
- Sensibilisation des syndics et copropriétés.
Bonne route !