Discours au jardin Manouchian, 21 février 2024
Rassemblement du PCF13
Je suis heureuse de vous accueillir ici, dans ce jardin Manouchian, requalifié, revalorisé par la mairie de secteur, pour soutenir la panthéonisation.
Il sera inauguré officiellement samedi prochain, en même temps que la commémoration annuelle à la mémoire de Missak Manouchian, sa compagne Mélinée, et leurs 22 camarades de l’affiche rouge.
En effet, l’importance de cette commémoration à Marseille n’est pas nouvelle. Elle se situe à la rencontre de plusieurs mémoires :
- celle des Arméniens qui trouvèrent refuge par dizaines de milliers dans notre ville, pour fuir le génocide de 1915 en Turquie ;
- celle des communistes, que vous représentez aujourd’hui, engagés dans la Résistance ;
- celle de tout individu sensible aux valeurs de liberté, de résistance à l’oppresseur, sensible aux idées des Lumières qui fondent la fraternité entre les humains, quelque soit leur origine, leur nationalité, leur religion, leur sexe… Et c’est important de reconnaître à ce titre un homme et une femme au Panthéon.
L’histoire de Manouchian touche les coeurs parce qu’elle est de portée universelle. Et ces principes là sont fondateurs de la République française. Voilà pourquoi il est bien logique et nécessaire de faire entrer le couple Manouchian au Panthéon aujourd’hui.
Vous le savez, la demande de panthéonisation a été relayée depuis plusieurs années par de nombreuses personnalités et citoyens, par exemple le sénateur communiste Pierre Ouzoulias, mais aussi ici, à Marseille qui fut le port de débarquement de Missak Manouchian, et particulièrement en ce lieu au pied du fort Saint-Nicolas, où furent emprisonnés des résistants.
L’idée était portée par des Marseillais, anciens combattants et résistants d’origine arménienne, et de la FTP MOI, réunis dans le groupe Marat. Une pétition avait été relancée en 2020. Nous avions été nombreux à la soutenir, chaque année devant ce buste de Manouchian, offert par la Jeunesse Arménienne de France en 2010.
Cette panthéonisation, j’ai dit tout à l’heure qu’elle était logique et nécessaire. Je rajouterai « d’utilité publique » en cette période de confusion, de manipulations de l’Histoire, à l’heure où les derniers témoins survivants de la seconde guerre mondiale s’en vont les uns après les autres.
Quoi de plus utile en effet que de remettre à l’endroit les valeurs de la France, de célébrer la mémoire de résistants communistes, étrangers, qui voulaient se battre pour notre pays, malgré le refus de leur naturalisation, alors que nous vivons à nouveau la montée du fascisme, la guerre aux portes de l’Europe, la remise en cause du droit du sol qui est une valeur fondamentale de notre modèle républicain.
Cependant à ce moment précis, 21 février 2024, 18h30, 80 ans après la sinistre exécution du groupe Manouchian au Mont Valérien, nous sommes ici rassemblés pour que la cérémonie du Panthéon résonne jusqu’à Marseille, pour un hommage finalement simple et sobre… de camarades à camarades.
A la nuit tombante, à l’heure du Panthéon
