J’ai rencontré lundi dernier plusieurs acteurs du hip hop, issus de la danse, de la musique, des studios d’enregistrement.
Le hip hop ne se résume pas au rap de papa (Et oui, ça fait 30 ans !), ni au look macho gangsta. C’est devenu un univers, une esthétique, une culture urbaine (graph, DJ, beatbox, danse, design…), partagée par les filles comme les garçons. Nous n’en sommes plus aux guerres de tranchées entre courants musicaux. Aujourd’hui tout fusionne et se mélange.

Je précise que j’ai écouté beaucoup de rock, tout en pratiquant la musique classique, en passant par le flamenco. Aujourd’hui, j’écoute aussi du jazz, du trip hop… Je ne suis pas une connaisseuse du rap mais je m’y intéresse. Je trouve la danse hip hop d’une énergie incroyable. Je vois bien que le hip hop est en mouvement. Il s’ouvre aux apports constants d’autres courants et fédère différents types d’artistes, sans sectarisme.
Côté musique, Marseille a produit des artistes au succès énorme comme IAM ou la Fonky Family. Parmi les plus gros vendeurs de musique d’aujourd’hui en France, on trouve aussi bien JUL que Soprano. Tous deux sont Marseillais, tous deux remplissent des stades vélodromes… Et pourtant, rien n’y fait, malgré ces succès populaires, le hip hop reste complètement méprisé des politiques culturelles de la Ville de Marseille.
Les artistes hip hop sont encore considérés comme des travailleurs sociaux que l’on vient aider par les dispositifs de la « politique de la ville », pas comme des artistes professionnels à part entière, qui ont besoin de soutien en formations, créations, programmations, diffusions…

Vous ne verrez jamais de hip hop au programme des grosses institutions culturelles de Marseille. Les artistes partent ailleurs chercher de la reconnaissance, parfois internationale. Bien d’autres villes de France ont su reconnaître le hip hop, tandis qu’à Marseille, il s’est développé de manière complètement indépendante. Ce n’est pas un mal en soi, d’ailleurs. Il ne s’agit pas d’aider des structures ou des productions qui gagnent déjà de l’argent, mais tout simplement de répondre à la demande de beaucoup de jeunes et d’artistes, qui veulent s’accomplir dans cette forme d’expression… et faire rayonner notre Ville.
Voici quelques les besoins du secteur :
- Avoir un seul interlocuteur « musiques urbaines » au sein de la Direction Action Culturelle de la Ville ;
- Briser le plafond de verre avec les grosses institutions culturelles ;
- Créer une maison du hip-hop qui ferait le lien avec l’Affranchi, BVice à la Savine et tous les opérateurs pro existants sur le territoire, pour structurer une filière. Elle aurait plusieurs fonctions : vitrine/communication, réseautage pro, répétitions, départ de visite d’un tour du hip hop (tourisme culturel), mur d’expression pour grapheur…
Le street art : tout le monde en parle… sauf les élus de la Ville
A propos des grapheurs, c’est tout autant paradoxal. A Marseille, les tags se sont développés à la fin des années 80 au cours Julien. L’autre spot de tag se concentre dans le Panier.

Certains opérateurs ont commencé à voir le street art autrement. Ils lui ont permis de s’exprimer (comme dans le Panier) ou ils ont passé des commandes pour des fresques sur des murs pignons. Aujourd’hui, en Europe, Marseille arrive juste derrière Berlin comme ville du graph et génère un tourisme important.
Au lieu de mépriser cet art ou d’entrer en conflit, nous pourrions :
- Ouvrir des murs aux grapheurs dans tous les quartiers et pas seulement en centre-ville ;
- Passer des « commandes » pour réaliser de grandes fresques ;
- Communiquer sur l’attractivité de la ville à travers le street art et pourquoi pas, un jour, organiser une grande exposition sur le street art.
Merci à Stéphane Sarpaux pour les rencontres et les compte-rendus utilisés dans cette note de blog