L’éclairage public fait partie de ces sujets du quotidien dont on ne parle pas souvent. Il contribue pourtant à une politique écologique vertueuse et au sentiment de sécurité. C’est un sujet assez croustillant aussi pour illustrer les relations entre la Ville et la Métropole, ou plus précisément son Conseil de Territoire n°1 (CT1).

Le CT1 est l’ancienne intercommunalité de Marseille avec 18 petites communes voisines (l’ex-MPM), qui a été maintenue à la création de la Métropole. Il est présidé aujourd’hui par le Maire de Gemenos, et non par un représentant de la ville-centre, parce que toutes les communes voisines ont trouvé malin de se liguer contre la nouvelle majorité marseillaise. Il y a de l’ambiance… Voilà pour le contexte politique.

Quand nous avons été élus l’année dernière, nous avons découvert que l’éclairage public de notre ville venait d’être transféré à la Métropole, en cohérence avec la compétence voirie. Perdre sa voirie est déjà difficile pour une commune, mais l’éclairage public est un bon cas d’école du diable dans les détails.

Le casse-tête de la gestion de l’espace public

De manière générale, la gestion unifiée de l’espace public est un véritable casse-tête : Pour planter un arbre, installer des bancs, c’est la Métropole. Pour poser des jardinières mobiles, des bancs d’agrément, c’est la Ville. Le critère est de creuser le sol ou pas. La Ville décide des sens de circulation, des piétonisations, des pedibus pour les écoles, mais c’est la Métropole qui installe les ralentisseurs, les bornes, et qui s’occupe des travaux… Quand ces messieurs du CT1 veulent bien accorder les crédits. Si vous mettez un aménageur au milieu qui fait ses propres appels d’offres pour faire les travaux (ex. la Soleam), vous rajoutez encore des interlocuteurs. La Ville garde sa pleine compétence sur ses équipements comme les parcs publics mais comme le gros des effectifs de techniciens est parti à la Métropole, cela souvent oblige à sous-traiter. Tout est fait pour qu’on s’y perde, que les demandes s’égarent ou prennent un temps fou, au fil des différentes personnes qui peuvent se renvoyer la balle avant d’aboutir à un feu vert.

Alors, qu’en est-il de nos lampadaires ?

La Métropole a reçu cette compétence… mais n’a pas les effectifs qui sont restés à la Ville. Elle a donc signé une convention de gestion avec la Ville qui continue à décider du programme d’éclairage… et à payer. Elle paye la Métropole qui passe les appels d’offre puisque c’est la Métropole qui a officiellement la compétence. Vous suivez ? Non ? Ce n’est pas grave… Nous avons des boîtes de comprimés pour les migraines des élus et techniciens, surtout en mairie de secteur où nous faisons l’interface.

Pour vous, les citoyens, ce n’est pas si compliqué. Vous pouvez appeler Allo Mairie [3013] pour signaler un éclairage défectueux. Vos signalements sont directement transmis à l’exploitant.

Pour nous, les élus, après quelques mois de tournis technocratique, nous avons enfin un conseiller municipal délégué à l’éclairage public, Didier El Rharbaye, pour nous aider à y « voir plus clair sur l’éclairage ».

Réunion de travail sur l’éclairage public en mairie de secteur du 1/7, le 4 mars 2021, avec Sophie Camard (maire de secteur), Claire Poze (cheffe de cabinet), Didier El Rharbaye (conseiller municipal délégué à l’éclairage public)

Des investissements vont enfin pouvoir avancer cette année pour poursuivre :

  • le renouvellement des points lumineux en LED, avec des économies de 60 à 70 % à la clé ;
  • l’installation d’un nouveau système d’allumage avec des horloges astronomiques qui permettraient d’éclairer la ville partout au même moment.

En effet, il y a aujourd’hui 10 postes d’éclairage pour toute la Ville, gérés par Enedis qui envoie les signaux aux armoires électriques. Ce système ne permet pas d’allumer partout à la même heure, avec des décalages de 5 à 20 minutes le soir. Cela peut suffire à créer un sentiment d’insécurité aux horaires de fermeture d’un commerce, par exemple.

Ensuite, l’éclairage réduit d’intensité à 22h, puis à Minuit, et reprend en intensité à 5 h du matin.

Chiffres clés :
– 70 000 points lumineux dans toute la ville de Marseille ;
– 5% du parc renouvelé en LED par an, en 20 ans (2021 est l’année 4) ;
– 4 350 h d’éclairage / an.

Des investissements importants dès cette année dans le 1er secteur

Le renouvellement a commencé par le centre-ville et nous sommes bien équipés en éclairage LED dans le 1er arrondissement (Points sur la carte ci-dessous). Les alentours du Centre Bourse sont en programmation.

Points lumineux renouvelés en LED dans le 1er arrondissement

Je pense cependant que nous pouvons faire des progrès sur tout le périmètre du Vieux Port. C’est un souhait partagé par la Mairie centrale.

J’attache une attention particulière aux beaux lampadaires en fonte de la Canebière, qui sont de petits joyaux du patrimoine mais dont les socles sont parfois détériorés. Ils sont tellement anciens que la Ville a perdu les moulages des pièces ! J’espère que nous allons pouvoir remédier à cela mais en attendant, j’ai fait réparer certains socles détériorés qui étaient devenus… des niches à rats juste à côté de bars et restaurants !

Socle de lampadaire à Canebière Garibaldi détérioré puis réparé

Dans le 7ème, 1200 points lumineux doivent être renouvelés en LED et la Corniche doit être terminée. La carte ci-dessous vous montre la programmation :

Légende :
Vert : Travaux lancés
Violet : Études terminées, travaux à lancer cette année
Jaune : Programme 2022.

Points lumineux à renouveler en LED dans le 7ème arrondissement

Cette histoire ne se termine donc pas si mal. J’ai cependant trouvé utile que nos concitoyens sachent par quels circuits obscurs nous devons parfois passer… pour éclairer nos rues.

Sophie Camard, 5 mars 2021