Nous connaissons tous l’ampleur de la crise du logement à Marseille : logement indigne, spéculation immobilière, bétonnage… Cette crise révèle une économie de la rente immobilière au détriment des investissements productifs, mais aussi tout un système de connivence et de profits sur les pauvres qui mouille de nombreux élus. Il ne se passe pas une semaine sans que des noms sortent dans la presse locale à propos d’opérations d’investissements qui suscitent l’écœurement.
Aussi sommes-nous interpellés en tant que candidats sur notre patrimoine et nos intérêts dans l’immobilier (par Emmaüs par exemple, mais pas seulement). Je me prête ici à cet exercice, sachant que je n’ai pas grande révélation à faire… mais surtout une expérience concrète à raconter, qui explique une partie de mon engagement dans cette élection :
Ma situation personnelle : de locataire à propriétaire
Salariée du privé avec un revenu correct, j’ai été longtemps locataire. A 36 ans, j’ai fini par acheter un petit appartement neuf dans le 13ème arrondissement, en 2008, pas trop loin de mon travail. J’y ai habité plus de dix ans et je viens de le mettre en location après l’avoir rafraîchi. Je terminerai de payer le crédit dans 10 ans. J’ai déménagé il y a un an dans le 1er arrondissement dans un appartement plus grand, où je suis propriétaire occupante, avec un deuxième emprunt. Ni moi, ni ma famille n’avons aucune part de SCI.
L’expérience d’une politique publique mal pilotée en centre-ville
Rien de très intéressant jusque là… si ce n’est que, patatras, je me retrouve dans le périmètre de restauration immobilière (PRI) du centre-ville. La SOLEAM a envoyé un courrier assez incroyable au syndic de ma copropriété, nous menaçant tout de suite d’expropriation si on ne faisait pas de travaux… qui ne sont pas encore évalués ni expertisés, et alors que l’enquête publique n’est pas terminée ! Mon immeuble est sain et sans alerte particulière, avec un syndic sérieux et des appels de fond réguliers pour les travaux. Je me suis donc intéressée à cette enquête publique et j’y ai participé. J’en ai perçu toute la complexité. Certains sont satisfaits de cette procédure, parce que leurs copropriétés refusent depuis trop longtemps de payer des travaux bien nécessaires. D’autres petits propriétaires, souvent âgés, sont inquiets de ce remue-ménage : « Ils n’ont rien fait pendant des années et maintenant, ils paniquent sur notre dos ! » (colère entendue dans les couloirs).
Il n’existe à ce jour aucune information sur les aides aux travaux de l’Agence Nationale pour l’Amélioration de l’Habitat (ANAH). Le PRI est bienvenu pour obliger des propriétaires récalcitrants à réhabiliter mais il ne doit pas non plus être détourné de son sens pour menacer, pousser à la vente anticipée, et faire de la spéculation immobilière en sortant les habitants actuels.
Je me suis alors aperçue qu’il fallait vraiment développer les points d’information et d’accès aux droits, pour les locataires et les propriétaires, améliorer la concertation, accompagner les habitants dans le montage des dossiers ANAH. Après avoir vérifié et recoupé mon diagnostic, j’ai inscrit cette proposition dans mon programme pour le 1er secteur et c’est sans doute l’une des premières mesures que je voudrais mettre en place si je suis élue.
Sophie CAMARD,
candidate tête de liste du Printemps marseillais dans le 1er secteur