Réunion d’information et d’échanges sur l’avenir du quartier de Noailles, Espace Bargemon en mairie centrale, Vendredi 23 octobre 2020
A lire aussi : « Noailles : La nouvelle majorité donne sa feuille de route », La Marseillaise, 24 octobre 2020.
Voici les notes de mon introduction :
J’ouvre avec émotion cette réunion publique d’informations et d’échanges sur le quartier de Noailles. « Emotion » parce que le drame du 5 novembre 2018 reste toujours dans nos mémoires et que nous savons être attendus pour redonner espoir et dignité à ce quartier.
La réunion d’aujourd’hui est portée par un travail d’équipe au sein de la nouvelle majorité municipale. Mes collègues Mathilde Chaboche, adjointe à l’urbanisme, Patrick Amico, Adjoint au logement, Yannick Ohanessian, adjoint à la sécurité, Theo Challande, Adjoint à la démocratie locale, vont animer cette réunion avec moi. Je salue aussi mes adjoints de la mairie de secteur qui sont très investis sur le terrain.
Preuve de l’intérêt pour cette réunion, notre centaine de places proposée a été réservée en quelques heures et nous nous excusons de la frustration créée auprès de certain d’entre vous. Nous sommes filmés pour rediffuser en ligne cette réunion et nous répondrons à toutes les questions qui nous serons transmises.
Le but de notre réunion est de dresser un état des lieux, de vous annoncer quelques mesures d’urgence, de vous présenter notre vision du quartier dans un projet d’aménagement et de lutte contre l’habitat indigne qui dépend aussi de la Métropole et de l’État. Sur ce sujet, la Ville ne peut pas agir seule mais à l’opposé, rien ne peut se faire sans la Ville. Aujourd’hui, nous ne ferons pas de polémique politiciennes. Nous présenterons nos premières analyses et notre façon d’aborder le sujet, avec la meilleure transparence possible.
Nous sommes une nouvelle équipe municipale mais nous n’aurons pas la prétention de partir d’une feuille blanche. Nous avons pris connaissance des travaux de concertation sur l’avenir de Noailles réalisés de 2014 à 2018, dans le cadre de l’Opération Grand Centre Ville, concertation entrecoupée par le transfert de compétences à la Métropole en 2016-2017.
J’ai lu avec intérêt l’étude urbaine : «Quel avenir pour Noailles ? » réalisée en 2014 par Territoire et Habitat pour la Soleam. On y trouve beaucoup de diagnostics, de propositions et même un plan guide pour l’aménagement du quartier, un vieux quartier d’habitat mixte et populaire, le « ventre de Marseille ». C’est une bonne base de départ dont la plupart des diagnostics sont encore valables aujourd’hui, avec ses points positifs et négatifs :
- Points négatifs : troubles à la tombée de la nuit, les ventes à la sauvette et autres trafics, les stationnements gênants, la dégradation préoccupante des immeubles ;
- Points positifs : l’ambiance village et les relations de voisinage, la végétalisation des rues, l’activité commerçante même si elle pose parfois des problèmes de cohabitation, la proximité des transports en commun.
J’ai pris connaissance aussi du bilan de la concertation publique réalisée du 22 janvier au 23 février 2018, et de la délibération de la Métropole du 18 mai 2018 sur ce bilan.
J’ai cru comprendre qu’il y avait eu des frustrations, par rapport à la promesse d’une piétonisation du quartier, et à la lenteur des procédures de lutte contre l’habitat indigne.
Après le 5 novembre 2018, tout s’est interrompu. Les immeubles en péril et le périmètre de sécurité de la rue d‘Aubagne est venu vider et figer le quartier, créant un effet de coupe-gorge et beaucoup d’angoisses chez les habitants… pour ceux qui y sont restés.
En tant que nouvelle Maire de secteur, j’ai identifié 6 points d’actualisation du diagnostic :
1. La lutte contre l’habitat indigne et la dégradation du bâti est devenu le sujet prioritaire alors qu’il était bien identifié, mais cité parmi d’autres problèmes, avant l’effondrement des immeubles de la rue d’Aubagne. Je vais donc longuement insister sur ce point.
Avec 3 139 logements, Noailles est un quartier très dense, aux rues très étroites. Les logements sont petits : 39 % de T1 et T2 (29 % en moyenne à Marseille). C’est un quartier jeune de nouveaux arrivants : Un tiers des habitants y vivent depuis moins de deux ans (contre 23 % dans le 1erarrondissement et 14 % en moyenne à Marseille). Noailles attire mais il est difficile de s’y fixer, par manque de confort.
D’après l’INSEE, 81 % des habitants sont locataires dans le parc privé et aucun dans le parc HLM, alors qu’ils sont 10 % à occuper un logement HLM à Belsunce. Les deux quartiers ont pourtant la même caractéristique sociale, avec 55 % d’employés et d’ouvriers (45 % à Marseille). Nous savons que l’une des premières mesures pour lutter contre e logement indigne, est d’installer du logement social dans ce quartier, par petits programmes et en respectant l’histoire de Noailles.
Le chantier est énorme ! Selon l’étude urbaine de 2014, seuls 41 % des logements étaient dans un état « normal ». La moitié des immeubles relevait du bâti indécent, dégradé voire très dégradé. Le taux de vacances était de 22 %. Deux tiers des immeubles sont des petites copropriétés, « pas nécessairement bien structurées ni en capacité d’entretenir correctement les parties communes ». A voir : Carte du bâti
Nous demandons aujourd’hui à la Métropole d’avancer sur :
– les expertises de sol à Noailles ;
–l’installation urgente de la SPLA-IN.
La société publique locale d’aménagement d’intérêt national (SPLA-IN) a été créée le 17 juin 2020 pour piloter la lutte contre l’habitat indigne et dégradé dans le centre-ville de Marseille. Son capital se répartit entre la métropole Aix-Marseille-Provence (59%), l’État (35%) et la Ville de Marseille (6%). Je représente la Ville de Marseille au Conseil d’Administration. Aujourd’hui, nous trouvons que l’installation de la SPLA-IN prend du retard et nous redisons ici notre disponibilité pour utiliser cet outil d’intervention.
La SPLA-IN un outil dédié au Projet Partenarial d’Aménagement Ville/Métropole, signé le 15 juillet 2019, dont va vous parler Mathilde Chaboche. La SPLA-IN aura une forte capacité à lever des financements. Elle va porter la concession d’aménagement et le suivi opérationnel des opérations. Elle pourra racheter des actifs, faire des travaux, identifier des logements tiroirs pour les relogements, mais ne fera pas de gestion locative.
Les îlots Delacroix et Ventre à Noailles ont été retenus comme prioritaires, conformément aux études 2014-2016 et le plan guide pour Noailles.
Pour y faire quoi ? Pas seulement du bâti mais aussi améliorer le cadre de vie, selon une concertation qui reste à mener. Pour cela, la Métropole propose d’installer une Maison des Projets, centre de ressources, d’expositions et de débats sur les projets en cours, qui serait située à la place de Toinou sur le Cours Saint-Louis. Nous attendons confirmation de la Métropole sur ce point.
Au cours de la réunion publique, nous avons annoncé :
-Les travaux de confortement rue d’Aubagne et la réduction du périmètre de sécurité qui grillage la moitié de la rue. La rue restera piétonne, tout comme la rue Palud qui est aussi réouverte.
-La convocation du comité de suivi de la Charte du relogement.
2. L’insécurité, notamment à la rue d’Aubagne, a franchi un seuil d’alerte grave. Je reçois chaque semaine de véritables appels au secours et nous ferons un point tout à l’heure. J’ai demandé à la police nationale de renforcer ses passages en soirée, depuis la mi-octobre.
Au cours de la réunion publique, nous avons annoncé un ilotage régulier et quotidien de la police municipale sur tout le quartier, avec un relai maintenu de la police nationale le soir.
3. La place de l’enfant reste à créer
Avec 4 939 habitants, Noailles représente 12 % de la population du 1er arrondissement, et son quartier le plus jeune : 15 % des habitants sont des enfants de moins de 10 ans. 43 % des habitants ont entre 18 et 39 ans (35 % dans le 1er).
Or, nous avons bien conscience qu’il manque des équipements et des espaces pour les enfants. Nous avons listé trois équipements sur lesquels nous devons avancer :
- Le projet d’équipement socioculturel situé au Domaine Ventre et au 44 rue d’Aubagne,
- La projet de crèche municipale ;
- Le projet d’agrandissement de l’école Chabanon.
4. Noailles reste à libérer de la voiture
Le projet de piétonnisation du quartier est lui aussi à l’arrêt. Il est pourtant attendu et pour cause, seuls 17 % des ménages de Noailles ont une voiture (35 % dans le 1er, 67 % à Marseille). 7 % ont une place de stationnement (15 % dans le 1er). Une voiture, ça coûte cher et c’est difficile à stationner en centre-ville mais, par ailleurs, la proximité des transports collectifs est un point fort du quartier.
Nous devons remettre ce projet de piétonisation sur le métier en travaillant ses conditions de réussite :
-Des propositions pour permettre les livraisons dans ce quartier très commerçant, et avec un marché ;
– Un plan de circulation sur le centre-ville sachant que la piétonisation progresse dans plusieurs quartiers (Opéra, Mazagran). Les sens de circulation sont devenus incompréhensibles. En plus, ils changent tout le temps. Il ne faudrait pas que Noailles soit le quartier de délestage des quartiers piétons voisins plus avancés.
5. Dans les points positifs, les améliorations sur la propreté qui avaient été constatées en 2018 perdurent aujourd’hui, grâce au local de collecte des déchets des commerçants, qui jouent le jeu, rue du Musée.
Un nettoyage insatisfaisant du marché nous a cependant été signalé
6. Enfin, il y a la nécessité d’inscrire en actes Noailles dans le Site Patrimonial Remarquable (SPR) du centre-ville de Marseille où il est pourtant situé. Le SPR prend la suite de l’Aire de Valorisation de l’Architecture et du Patrimoine et nous voulons l’installation des instances de travail nécessaire. Noailles, c’est un centre ancien fragile qu’il faut réhabiliter en tant que tel. Si on sait le faire dans de petits villages, ont doit bien y arriver aussi dans la deuxième ville de France.
Nous voulons ainsi renouer le fil du dialogue et créer les conditions de réalisation et de financements des opérations de réhabilitation du quartier. J’ai bien dit « réhabilitation » et non « table rase » ou « pourrissement » et ça ne veut pas dire non plus qu’on ne peut rien toucher ni modifier.
Vous comprenez qu’il s’agit pour nous d’articuler des mesures et travaux d’urgence, notamment la rue d’Aubagne, avec des aménagements par îlots, appuyés sur une vision globale du quartier respectant la population, le patrimoine, un environnement durable et apaisé.