Intervention en Conseil de Territoire Marseille Provence, 1er juin 2021
Monsieur le Président, mes chers collègues
A l’occasion des votes sur les budgets, nous avons déjà exprimé notre opposition et notre déception sur les orientations et le fonctionnement de la Métropole et de son Conseil de territoire, pour 3 raisons :
1°/ Alors que la Métropole promettait d’être un levier de développement, elle est aujourd’hui en difficultés financières. Au moment où la Ville de Marseille relance une politique d’investissement, la Métropole est à contre-cycle, avec une diminution de 117 M€ des investissements en 2020 sur son budget principal. C’est une baisse considérable de 20 % qui se répercute sur notre Territoire.
2°/ Cette situation renforce la concurrence entre Territoires pour la répartition des ressources, au lieu de les mutualiser à l’échelle métropolitaine.
3°/ La Métropole devient dépendante des subventions du Département, alors que la fusion entre les deux n’a pas avancé. Ce n’est pas une situation durable en l’état.
Ce compte administratif étant en ligne avec le budget voté, nous nous abstiendrons sur son exécution. Je souhaite cependant m’exprimer sur les opérations d’investissements, soit 200 M€ en 2020.
200 M€, c’est presque la moitié des investissements du budget principal de la Métropole (449 M€ en 2020). Au delà de notre CT1, les Conseils de territoire ont la main sur 3/4 des investissements de la Métropole alors qu’ils ne sont pas connus des citoyens. Il y a là une vraie question démocratique.
200 M€, c’est beaucoup mais c’est en baisse de 50 M€ par rapport à 2019. Notre Territoire a contribué pour moitié à la baisse des investissements, à égalité avec le Pays d’Aix qui a dépensé 100 M€ en 2020 au lieu de 148 M€ en 2019.
Cependant, cette baisse a été compensée par une enveloppe de 40 M€ venant du budget de la Métropole, sur de nombreuses opérations dans le domaine de l’urbanisme, du foncier et du logement (des aménagements de ZAC, des opérations à Kalliste ou dans le Grand centre ville). On mesure ici toutes les limites de ce compte administratif par Territoire.
Je ferai davantage de commentaires sur les projets financés. Plus d’un tiers de l’enveloppe est consommé par les grands projets du mandat précédent : la fin de la L2 (10 M€), la requalification du Cours Lieutaud (6,5 M€), la piétonisation du Vieux Port (16 M€ en 2020 pour un total de 100 M€). Il fallait certes les terminer mais vous connaissez nos critiques sur certains grands projets routiers comme :
- le Boulevard Urbain Sud : 40 M€ en 2020, pour un montant total de 318 M€ et plusieurs dizaines de M€ qu’il faudrait encore engager ;
- la Rocade du Jarret : 18 M€ en 2020 pour un montant total de 72 M€ et 31 M€ à engager
L’importance de ces sommes contraste avec le temps que nous passons dans nos mairies de secteur à demander des corbeilles le long des plages, quelques potelets et ralentisseurs, plus de stationnements pour deux roues, des arbres à préserver, ou de nouveaux aménagements de places. Nous regrettons que ces demandes soient si laborieuses à instruire alors qu’elles représentent quelques dizaines ou centaines de milliers d’euros seulement.
Nos élus apportent autant d’importance au petit aménagement de proximité qui soulage le quotidien, qu’aux grands projets qui transforment en profondeur notre ville.
Il nous tarde maintenant d’entrer dans une ère nouvelle pour faire reculer la place de la voiture et développer toutes les mobilités alternatives, qui ne résument pas au vélo. Pour cela, nous avons besoin de parkings relais, de tramways et de métros, de pistes cyclables, de nouveaux quartiers piétons, comme dans toutes les capitales et grandes villes du monde qui font face aux enjeux climatiques.
Dans une ville pauvre comme Marseille, nous constatons à quel point les programmes de politique de la Ville (ANRU), de lutte contre l’habitat indigne, du foncier et du logement en général, ont pris du retard. Il y a aussi peu de crédits consacrés au développement économique. Nous réussirons à redresser la situation de Marseille quand les investissements ne se résumeront plus seulement à de nouvelles routes mais aussi à vivre dans des logements dignes et accessibles, créer des emplois, soutenir l’innovation. C’est l’intérêt de notre ville-centre au service de toute une métropole.
Nous espérons vivement que les prochains budgets de la Métropole pourront nous aider dans ces orientations nouvelles.
Sophie CAMARD, Présidente du Groupe Pour une Métropole du Bien commun (majorité municipale de Marseille)